vendredi 24 avril 2009

Infirmière de brousse bis




Le mercredi 15 avril, je me réveille d'un bond à 3h30 du matin car c'est le grand jour où je commence à travailler... Je suis à peine sortie de la maison qu'un gros margouillat me tombe sur la tête. Signe de chance ou de malchance?

C'est en tout cas plutôt tremblante que je m'élance dans la nuit et j'avoue que je ravalle un peu mes larmes.

Au bout d'une demie-heure de route goudronnée, arrive le moment tant redouté de l'entrée sur la piste. Un panneau où est écrit le mot « REBEL » me donne un frisson dans le dos et dans le fracas du passage sur la piste, je pénètre en terre kanake. Finalement, la route se fait bien et le passage de la rivière est un succès.

Mais voilà que je ne trouve pas la maison de mon premier patient! Il fait encore nuit et j'ai perdu tous mes repères. Je sais qu'il s'agit d'un petit sentier sur la gauche, j'en aperçoit soudain un et je commence à le monter. Mais avec la boue, me voilà embourbée. Je réussis à me sortir de là et décide de monter ce sentier à pied. C'est bizarre, il me semblait que le chemin avait un virage à gauche... Je me retrouve nez-à-nez avec un champ... Finalement, je finis par trouver mon patient qui m'attendait par terre sur le sol, suite à une chute.

La matinée se déroule sans soucis, si ce n'est à un moment où un cheval barre mon passage. La femme à qui je viens de faire des soins s'empresse de l'écarter. Ma première prise de sang en tant qu'infirmière de brousse est mémorable: dehors, les pieds dans la boue et les jambes bouffées par les moustiques.

Les jours suivants, je prends de l'assurance sur la piste et me surprends à traverser la rivière en musique. Chaque jour m'apporte de nouvelles beautés dans le paysage: un arc-en-ciel en travers des montagnes, des hibiscus sauvages, des enfants jouant dans la rivière, des vaches bramanes qui traversent la rivière sous la pluie d'orage...

Si au début tous les habitants de la tribu me regardant avec des yeux ronds, je commence maintenant à me faire aimer de mes patients. Leur gentillesse me surprend et je ramène au bout de la première semaine des citrons, du piment, et quelques crevettes de la rivière... Une charmante petite fille m'a d'ailleurs promis de m'emmener un jour à la pêche aux crevettes.

Les soins sont plutôt variés et comme ma collègue m'avait prévenue, je dois sermonner gentiment certains patients... Ce patient par exemple, qui a la fâcheuse habitude de me dicter la façon précise dont il veut que je fasse ses pansements d'ulcères de jambes... Il ajoute toujours à la fin de mon soin un petit commentaire du genre « c'est bien mais peut mieux faire... tu n'as qu'un B comme note aujourd'hui... », et c'est dit d'un ton tellement taquin que je ne peux pas m'empêcher de rire.

L'hôpital, ses salles aseptisées et son organisation planifiée, semblent très loin de ce pays où le temps semble s'être arrêté.

C'est au milieu de la brousse et des kanaks qui y vivent, que je trouve un plein épanouissement au métier d'infirmière.







vendredi 17 avril 2009

Infirmière de brousse!



Voilà maintenant 3 jours que je sillonne pistes et routes au volant de mon nouveau 4x4 (le Kia Sorento en question) pour soigner mes patients!

Ce nouveau travail me plait énormément et je vous promets un article détaillé pour bientôt.

Juste rapidement, un petit aperçu de mes journées:
Levée un peu avant 4h du matin, je commence par donner une tétée à Marc, puis après un bon petit dèj, je me mets en route pour la tribu de Goapa où m'attendent mes premiers patients. Arrivée à Poya, j'emprunte la piste qui mène à cette tribu, dans la nuit et la montagne...
Les soins faits, je retourne sur Poya et la presqu'île de Népoui voir mes autres patients. Je finis ma tournée du matin vers 11h30 pour reprendre l'après midi à 14h.
Je m'occupe de 12 patients le matin et de 8 l'après-midi, souvent les mêmes. A cela se rajoute les prises de sang certains jours de la semaine.
Je travaille une semaine complète du mercredi au mardi soir, puis j'ai une semaine de repos.
Je rentre le soir à la maison à Pouembout vers 18h où Marc est content de retrouver sa maman (il est gardé par une nounou kanake) et où Yannick m'attend tendrement avec un bon repas!

jeudi 9 avril 2009

Une voiture sacrément difficile à dénicher!!!




Mercredi 1er avril (non ce n'est pas un poisson d'avril), j'ai rendez-vous à Poya avec une infirmière libérale qui recherche une associée. Le coeur battant, je m'y rends tout en me remémorrant les mille conseils de Yannick afin d'obtenir le poste.

Je suis à peine arrivée, que me voilà embarquée dans un gros 4x4 Ford Ranger aux côté d'une véritable infirmière de brousse. Et c'est parti pour des kilomètres de piste défoncée...

Tout en roulant allègrement sans se soucier des creux, des bosses, des ponts reserrés et même d'un ruisseau,(qui me font tressaillir à chaque fois), cette superwoman m'explique qu'elle se rend tous les jours dans les tribus pour y soigner les kanaks. Je crois rêver. Les paysages de montagne et débordants de verdure paraissent sortirent d'un autre monde.

«Bon, si tu es d'accord, tu commences dans 2 semaines», me dit Christine sans faire attention à mon air ahuri. Malgré cet aperçu impressionant du travail, je suis convaincue que c'est une occasion formidable pour moi de vivre une belle aventure, c'est pourquoi j'accepte.

Je rentre ensuite à Pouembout où Yannick m'attend avec impatience. Dans l'euphorie de la bonne nouvelle, nous prévenons nos familles.

Me voici donc bientôt infirmière de brousse !

Pour cela, il est indispensable de m'équiper d'un 4x4, qui sera mon compagnon de piste pour les 200km qui m'attendent quotidiennement. C'est ainsi que nous nous rendons à Nouméa dès le lendemain matin. Et c'est là que les ennuis commençent...

Le jeudi, très motivés, nous épluchons la totalité des petites annonces et nous rendons tantôt à droite, tantôt à gauche pour essayer différentes voitures. Après être tombés sur quelques épaves, nous décidons d'élargir notre recherche aux garages d'occasion. Nous voilà donc dans un véritable «supermarché des 4x4» où après avoir été reçu de façon lamentable, nous flashons pour un Nissan Terrano dans nos prix. Hélas, on nous dit qu'il est déjà vendu. Nous quittons ce garage et Marc lance un «beuleubeueueue» bien senti sur le pas de la porte, expression de bébé qui traduit un vif mécontentement.

Entièrement d'accord avec notre petit garçon, nous choississons de rester dormir à Nouméa le soir, afin d'élargir encore notre recherche et de nous reposer un peu. Nous retrouvons Céline, une de mes collègues infirmières, (ancienne camarade de promo de Pontivy et exilée comme moi en Nouvelle Calédonie). Autours d'un verre, nous papotons de mille choses et cela nous détend un peu. Céline, qui attend un petit garçon pour le mois de juin, est enchantée de revoir Marc, qu'elle n'avait pas vu depuis la maternité.

Nous nous rendons ensuite à un petit hôtel de la baie des citrons. Yannick se relaxe en regardant la télé, quant à moi je profite de la piscine avant la tombée de la nuit. Marc a le droit à son bain dans le lavabo et nous à une bonne douche. Nous partons manger à «Mr Boeuf», un restaurant à viandes où nous commandons chacun un énorme «T-bone steak» accompagné de frites. Hummm, çà fait du bien!

Le lendemain, nous repartons à la chasse aux 4x4. Nouméa étant doté d'un grand hypermarché, nous en profitons aussi pour faire quelques courses, ce qui nous change des petites épiceries de Koné.

Dans un cyber café, Yannick tombe sur une annonce qui parrait intéressante. Il s'agit d'un Land Rover Defender en bon état. Cette voiture est réputée increvable, adaptée à la piste, On dit que c'est un «guerrier de la boue» et une «voiture qui monte aux arbres». Et c'est aussi la voiture de Lara Croft...

Un javanais nous reçoit et nous présente la «bête». Nous l'essayons et je ne suis pas trop emballée. C'est plus l'aspect intérieur qui me déplait mais le propriétaire, qui est aussi mécano, nous affirme que c'est une très bonne voiture. Il veut réparer une pièce et nous propose de passer dans l'après midi pour donner notre réponse. Après manger, nous voici donc de retour. La réparation est plus longue que prévue, alors il me propose d'attendre avec Marc dans son bureau climatisé, me laissant son ordinateur à disposition et nous offre du chocolat...

«Quel monsieur sympathique!», pensons nous...

Quand la voiture est prête, nous faisons un dernier tour et décidons de l'acheter. Comme il se fait tard pour rentrer sur Pouembout et que le propriétaire veut astiquer à fond le véhicule, nous retournons à l'hôtel. Le lendemain, nous prenons la voiture et nous mettons en route pour la maison. C'est Yannick qui est au volant du Defender quand à mi-course celui-ci se met à secouer puis à s'arrêter minablement. Impossible de redémarrer! Yannick appelle tout de suite le propriétaire qui ne comprend pas... Finalement, il promet d'envoyer une dépaneuse rapidement et nous conseille de rentrer à Pouembout.

Plutôt contrariés, nous retrouvons notre maison bredouilles après un si long et éprouvant voyage. Notre petit garçon, un peu chamboulé comme nous par toutes ces aventures, est heureux de retrouver son transat! A peine installé, que le voilà en train de raconter dans son langage nos misères à doudou vache, petite peluche de son arceau.

Le week-end passe et nous tâchons de nous détendre un peu.

Le lundi, le propriétaire nous téléphone pour nous dire que la voiture est réparée et qu'il la fait amener par un remorqueur à Bourail, là où elle était tombée en panne, c'est à dire à 1 h de chez nous. Nous partons, pressés que cette voiture soit enfin chez nous et que nous soyons en paix. Hélas, nous ne sommes pas au bout de nos peines... A 5 min de Bourail, le remorqueur nous prévient qu'il vient juste de passer le péage de Nouméa. Cela veut dire qu'il sera à Bourail dans 2h et demie seulement!

Il ne nous reste plus qu' à attendre... Nous achetons un stock de lecture et un casse-croûte puis partons pour la plage qui est à quelques kilomètres. Nous improvisons un déjeuner sur l'herbe; j'avais dit à Yannick la veille que j'adorerai faire un pique-nique en pleine nature avec lui... me voilà satisfaite! Marc semble aussi apprécier sa tétée champêtre, heureusement j'avais pris gilet, chausettes et couverture pour lui.

Enfin, ma voiture arrive et enfin nous traçons sur Pouembout avec... La nuit est tombée et c'est moi qui ouvre la marche avec le Freelander. A un quart d'heure de la maison, je m'inquiète de ne plus voir Yannick dans mon rétroviseur. Je fais demi-tour: le Defender est immobilisé sur la route et Yannick essaie en vain de la redémarrer. Un gros pick-up s'arrête rapidement pour nous aider à la mettre sur le bord de la route. Yannick parvient à joindre son collègue José, qui dort ce soir-là à Bourail et se met en route pour venir tracter cette voiture qui décidemment ne veut pas de nous. Encore une heure d'attente en pleine nuit... Marc dort paisiblement dans la voiture tandis que , dépités, nous fixons la montagne et le ciel étoilé.

José arrive, tout sourire en s'exclamant «ah! L'aventure sous les tropiques!» et se met tout de suite au travail avec Yannick pour remorquer la voiture. Nous roulons doucement vers Poya, où nous la déposons chez Benoît, un autre collègue de Yannick, afin de la mettre en sécurité.

Nous sommes démoralisés, à une semaine de mon travail, je n'ai toujours pas de voiture. La perspective d'une nouvelle expédition à Nouméa ne nous réjouit pas.

Les jours suivants, nous décidons de mettre plus cher pour ma voiture et revoyons toutes les annonces à la hausse. Entre temps, le propriétaire a repris sa voiture dont nous ne voulons plus entendre parler.

Mercredi 8 avril, j'emmène Marc en poussette jusqu'à chez Sylvia, la fleuriste de Pouembout afin de lui acheter un bouquet. Je m'y rends régulièrement et nous avons sympathisé; elle a un petit garçon nommé Enzo, qui aime se promener à 4 pattes dans sa boutique remplie de fleurs. Je lui confie nos histoires de voiture et elle m'apprend que son mari vend quelques véhicules d'occasion sur Koné. Elle me donne ses coordonnées. Il s'appelle Patrice et a justement un 4x4 à nous proposer, c'est un Kia Sorento en excellent état. Nous l'essayons le soir même et d'emblée, il nous plait.

Serait-ce enfin la voiture qu'il me faut?